Publicatie Les effets de l'exposition aux radiofréquences sur la reproduction chez la femme : une revue systématique des études observationnelles humaines avec méta-analyses dose-réponse

Afin d’identifier les études pertinentes pour leur revue, les chercheurs ont défini des critères de recherche précis concernant :

• le type d’article : documents publiés dans des journaux scientifiques (articles scientifiques) ou dans la littérature dite grise, c’est-à-dire des documents non contrôlés/non-distribués par des maisons d’édition (par exemple des rapports de recherche, documents de conférences, thèses, lignes directrices, etc.) ;
• le type d’étude : étude transversale (étude réalisée à un instant donné, comme une photographie, qui prend en compte uniquement les informations disponibles à ce moment précis), cohorte (étude d’une population de sujets ayant des caractéristiques communes et qui sont suivis dans le temps), cas-témoins (étude qui compare un groupe de personnes présentant la maladie/problème de santé étudié (« cas ») à un groupe de personnes ne présentant pas cette maladie/problème de santé (« témoins »)) ;
• la population étudiée : population générale et professionnelle comprenant des adultes pendant la période pré-conceptuelle (hommes/femmes), des femmes enceintes, ainsi que des femmes en post partum (après l’accouchement) et leurs enfants ;
• le comparateur : comparaison de deux niveaux d’exposition aux CEM-RF, idéalement comparaison d’un groupe non exposé ou faiblement exposé à un groupe avec une exposition élevée ;
• le type d’exposition : CEM-RF sur toute la gamme des fréquences et tous les niveaux d’exposition ;
• le type de paramètres mesurés : naissance prématurée, petite taille par rapport à l’âge gestationnel (PAG), fausse couche, mort à la naissance, petit poids à la naissance, malformation à la naissance.

Le processus de sélection des études a été réalisé en plusieurs étapes. D’abord, les études ont été identifiées dans plusieurs bases de données, puis plusieurs chercheurs ont indépendamment lu les titres et les résumés de ces études afin de retirer celles qui ne répondaient pas aux critères de recherche définis. Les textes de chacune des études retenues ont ensuite été lus dans leur intégralité. Cette étape a été réalisée indépendamment par deux chercheurs par texte. En cas, de désaccord entre les deux chercheurs sur la question de savoir si une étude répondait aux critères de recherche et de qualité, un 3^e chercheur devait examiner l’étude problématique et décider si elle devait être incluse dans la revue ou non, avec l’aide d’un 4^e chercheur si nécessaire. Ce processus de sélection des articles est un gage de qualité qui permet d’être exhaustif et objectif, en capturant toutes les études existantes sur un sujet défini. Il faut noter que ce processus de sélection ne se fait pas sur base des résultats, mais sur la qualité de l’étude.

Les chercheurs ont ensuite extrait et analysé les résultats des études sur base de méta-analyses. La méta-analyse permet de regrouper les résultats provenant de plusieurs études et de les analyser afin de tirer des conclusions plus solides. En effet, de nombreuses études incluent un faible nombre de participants, ce qui limite la solidité des conclusions. En regroupant les résultats, il est possible d’accroitre la confiance dans les données obtenues.

Une autre partie importante du travail des chercheurs a été d’évaluer le niveau de confiance attribué aux résultats des études. D’abord, les chercheurs ont évalué le risque de biais (RoB) en s’appuyant sur plusieurs critères. Les biais sont des erreurs systématiques qui vont avoir une influence sur les résultats d’une étude, que ce soit dans un sens positif (ex : augmente l’effet) ou négatif (ex : réduit l’effet). Il est donc important de les prendre en compte lorsqu’on évalue une étude. Pour évaluer le RoB, les chercheurs ont considéré plusieurs critères, par exemple : le risque de biais de sélection (l’échantillon étudié n’est pas représentatif de la population que l’on souhaite étudier), l’absence de contrôle de facteurs de confusion (paramètres qui pourraient influencer la reproduction et donc les résultats de l’étude (ex : âge, ethnicité, consommation d’alcool, etc.), sélection des résultats rapportés (désigne le fait de ne rapporter qu’une partie des résultats), etc. L’évaluation du risque de biais a été réalisée indépendamment par deux chercheurs avec l’intervention d’un troisième chercheur en cas de désaccord. À l’aide de cette évaluation (RoB) et d’autres critères ( ex : incohérences, imprécisions), les chercheurs ont attribué un niveau de confiance aux résultats des différentes études : élevé, modéré, faible et très faible.

Au total, 18 études ont été incluses dans la revue : 8 d’entre-elles considéraient l’exposition dans la population générale et 10 considéraient l’exposition professionnelle. Les études ont été publiées entre 1982 et 2021 et conduites dans plusieurs pays à travers le monde (Norvège, France, Chine, etc.). Concernant les études dans la population générale, l’exposition considérée était principalement celle provenant des téléphones mobiles. Pour l’exposition professionnelle, l’exposition principale provenait de machines utilisées par les travailleurs considérés dans les études et une seule étude considérée l’exposition via les téléphones mobiles.

Les résultats des méta-analyses dans la population générale ont montré un léger effet négatif significatif sur la taille par rapport à l’âge gestationnel, les femmes les plus exposées ayant des enfants de plus petites tailles par rapport à l’âge gestationnel. Ce résultat est toutefois très incertain et d’autres analyses suggèrent que cet effet n’est probablement pas significatif en réalité. De plus, cette analyse repose sur deux études seulement. Les autres paramètres étudiés (naissance prématurée et petit poids de naissance) n’ont pas montré d’effets statistiquement significatifs. De plus, il n’a pas été possible de réaliser les analyses pour les paramètres suivants : fausse couche, mort à la naissance, malformation à la naissance, notamment en raison d’un risque de biais trop important. Concernant les études en milieu professionnel, les résultats n’ont pas montré d’effet statistiquement significatifs pour les paramètres : fausse couche, malformations congénitales, naissance prématurée, petit poids de naissance. Les paramètres : mort à la naissance et petite taille par rapport à l’âge gestationnel n’ont pas pu être analysés dans une méta-analyse, également en raison de la présence de biais.

Tous les résultats avaient un niveau de confiance attribué très faible. Cela s’explique par un risque important de biais liés à des problèmes de caractérisation de l’exposition, des problèmes dans l’évaluation des paramètres étudiés, à la prise en compte insuffisante des facteurs de confusion ou encore à une sélection biaisée des résultats rapportés dans les études.

Les chercheurs estiment qu’il n’est pas possible de conclure sur les effets de l’exposition aux CEM-RF sur la reproduction féminine. Ils recommandent de mener des études de meilleure qualité, incluant notamment, une caractérisation de l’exposition rigoureuse avec des appareils de mesure appropriés, ainsi qu’une définition précise des paramètres évalués.

Cette revue de la littérature et méta-analyses sont de bonne qualité et présentent l’état des connaissances scientifiques actuelles concernant les études observationnelles sur les effets de l’exposition aux CEM-RF sur la reproduction chez la femme.